Tout a commencé un lundi, quand Lulu Gondin m’a fait savoir que l’équipe d’Överways cherchait quelqu’un pour passer une journée à Bruges avec elles. J’ai dit tiens, pourquoi pas ?
Nos premiers échanges ont été un peu folklo, je voulais savoir si on pouvait ne pas voir ma tête sur les photos et vidéos, en jouant avec les angles, en mettant une capuche, des lunettes de soleil… Elles, elles voulaient voir ma tête.
– Ce sont les expressions du visage qui comptent pour nous, a dit l’une.
– Et puis en plus, des lunettes de soleil à Bruges en plein mois de Février ? a dit l’autre.
Ben ouai, quoi ! Il a fait un temps magnifique le mercredi de notre rencontre. Le froid sec et saisissant de l’hiver sous un soleil pimpant. Je l’avais vu venir bien sûr. Du coup, ce matin-là (clin d’œil) je me suis pointée avec des lunettes de soleil… La classe a Dallas. Et avec environ une demi-heure de retard comme à mes habitudes, à cause d’un truc pour le boulot[1]. Pas la classe.
Je leur avais donné rendez-vous chez Sanseveria, un petit boui-boui à bagels bien sympa que m’avait fait découvrir ma colocataire l’an dernier. J’avais vu les articles précédents d’Överways, et je m’étais dit que ça leur plairait ce genre d’endroit. Mais en vrai, je le confesse, je vais plus souvent manger à la friterie d’à côté de chez moi que grignoter des bagels à l’autre bout de la ville…
Donc, je suis arrivée en retard. Alice et Anne m’attendaient avec un café. On a commandé nos bagels qu’elles ont pris en photo, je leur ai parlé un peu de moi, un peu du programme de la journée, et le moment de payer est arrivé. La blague. Je n’avais pas pensé à les prévenir que par ici, beaucoup de petits commerces n’acceptent pas les cartes de crédit – et évidemment Sanseveria en fait partie. J’ai proposé de payer avec ma carte de débit belge et on s’arrangerait plus tard, mais comme il y a (forcément) toujours un truc qui ne va pas, ça n’a pas marché. Ben oui, figure-toi qu’à cause d’un petit problème technique, je n’avais plus de sous sur ce compte-là, et que je n’avais plus de carte bancaire pour l’autre compte (celui qui avait des sous). Il me restait un peu moins de 10€ en liquide pour tenir la journée. La honte. Bref. Le distributeur le plus proche était à 500m. On a laissé une carte d’identité, elles sont allées chercher du liquide (j’ai aussi tenté ma chance à la machine à sous mais rien à faire), et nous sommes revenues par un autre chemin histoire de faire un petit tour quand même. Pour re-rentrer dans la boutique, Alice veut nous filmer. Je trouve ça plutôt rigolo. Attention, ça tourne !
Donc, pause photo/vidéo.
Et nous avons payé. Re-blague. Ils n’avaient pas de quoi faire la monnaie. Du coup, petit trafic du patron avec des habitués qui mangeaient un bagel dans un coin pour récupérer le change – très atypique comme début de journée. Pendant ce temps-là, j’admirais le pot à pourboire sur le comptoir qui disait :
« Every time you tip, a fan of Justin Bieber dies. »
Héhé. (Oui bon, j’avais confessé juste avant qu’en fait, j’aimais bien ses dernières chansons…)
Enfin, notre parcours a pu commencer. Et c’est parti pour les 13 km restants, puisqu’elles en ont compté 14 au total. Et on en avait déjà fait 1, de km, pour l’aller-retour au distributeur.
Hop ! On passe un petit pont puis un deuxième, je leur montre ma terrasse ensoleillée préférée chez De Torre – en bord de canal. Et puis on remonte tout le canal de Langerei jusqu’à Sasplein au Nord de la ville, où trône une réplique miniature de la grue en bois qu’utilisaient les commerçants dans le Bruges médiéval pour charger et décharger leurs embarcations. Et où, accessoirement, se trouve la maison que j’ai failli habiter, avec balcon sur canal steuplaît (sauf qu’elle n’était pas rénovée et que ça m’aurait coûté une blinde à chauffer) (sans parler des moustiques).
Sur la route en longeant le canal, les filles shootent comme des pros. Je ne m’en rends pas compte, mais Alice filme plein de trucs ! Je leur montre un tas de mouettes et de goélands qui squattent avec les canards et les cygnes. C’est que c’est pas quelque chose qu’on voit souvent, sauf à Bruges parce que la mer n’est pas si loin. Elles voudraient prendre de jolis clichés des canaux sans véhicule à moteur dans le viseur, mais sont surprises par le nombre incalculable de bagnoles qui passent malgré les rues pavées et étroites de la ville. Ça peut surprendre, mais il y a très peu de rues exclusivement piétonnes à Bruges. De temps en temps, elles arrivent quand même à avoir une scène où seuls des vélos s’incrustent dans le cadre.
Du coup, pause photo/vidéo.
Zou ! De Sasplein on redescend le long des moulins en passant devant la péniche du 19ème siècle de la mort qui tue : le Rio Claro, 77 mètres de long, qui a survécu après avoir été cassé en deux puis volé par les allemands à la 2ème guerre mondiale. Là, Alice nous fait venir vers elle, Anne et moi, en faisant comme si on papotait en marchant l’air de rien. Je n’y arrive pas du tout. Complètement perturbée par l’objectif, j’ai la démarche bancale et je remue les lèvres sans rien dire pour faire comme si. Heureusement, le montage est nickel et ça ne se remarque pas trop dans leur petite vidéo finale… Vois par toi-même.
Arrivées à la Kruispoort de la ville (Porte Sainte-Croix), retour vers le centre. Un peu déjà-vu pour les filles parce qu’elles sont arrivées par là le matin même. Déjà que j’avais un peu peur qu’elle s’ennuient en ma présence… Mais c’est pas grave, elles s’émerveillent quand même devant quelques petites boutiques. Ouf !
Et là, petit bug.
Revenues au centre en prenant des petites rues de traverse, on arrive devant chez Vero Caffé. Mais c’est un salon de thé, et il est midi passé. Elles ont un peu la dalle, et j’ai pas prévu de pause snack parce que ben… J’ai pas vraiment d’adresse « pause snack ». Qu’à cela ne tienne on s’improvise une frite sur la Grand Place qu’elles ont la bonté de m’offrir parce que je te rappelle que je suis en galère de tunes. Pas l’idéal ceci dit, parce que c’est jour de marché. Du coup, il y a de la place sur les marches de la statue qui trône au centre de la place habituellement blindée de touristes. Mais du coup, on n’a pas la vue dégagée. Coincées derrière les étals, on mange notre p’tite frite en vitesse dans le brouhaha métallique des marchands qui rangent leur bazar. Et ça mitraille de nouveau. J’espère secrètement qu’Alice n’a pas eu le cliché où j’ai réussi à me foutre de la mayo sur la pommette.
Devine… Pause photo/vidéo.
Et c’est reparti, on trottine vers Arentshoff derrière Notre-Dame, mon petit coin préféré. Celui que je voulais absolument leur montrer, avec les 4 cavaliers de l’apocalypse, le tout petit pont en pierre et la maison à façade en bois qui surplombe ce petit bras de canal. Mais même ici, on n’échappe pas aux bateaux où les touristes s’entassent tandis que le guide s’égosille en 4 langues tout au long de la ballade. J’avoue moi aussi je l’ai fait. C’est pour ça que je peux critiquer.
Allez, pause photo/vidéo.
On repart vers le centre pour nous rendre à notre dernier stop chez Vero Caffé en prenant un chemin différent, histoire de. On en aura fait des boucles dans le centre ! D’ailleurs, on fait un petit détour dans l’ancien hôpital St Jan, réhabilité en salle de concert de harpe (soyons précis). Les filles recherchent frénétiquement un mur de briques pour le portrait qui sera en couverture de leur article. Des murs en briques, c’est pas ça qui manque à Bruges ! Mais les filles sont des artistes : il faut que ce soit la bonne couleur de brique, la bonne luminosité, le bon emplacement.
En attendant qu’elles trouvent leur bonheur, j’en profite pour leur montrer Ter Beurz, l’auberge la plus ancienne de Bruges et à l’origine de la Bourse telle qu’on la connaît aujourd’hui, ainsi que mon chocolatier fournisseur de truffes, Jan de Clerck. Puis on arrive chez Vero Caffé à nouveau.
Là, petite pause photo/vidéo s’impose.
On n’a pas la meilleure place, qui vient juste d’être prise. Caramba ! C’est pas grave, on commande nos boissons, capuccino, thé chaï et thé glacé maison. Ça fait du bien, la pause. Il y a un beau mur de verdure derrière moi, avec des bouquins sur une étagère. C’est mignon tout plein. Et sur le comptoir cette fois, c’est Britney Spears qui en prend plein la gueule. Hihi.
Du coup ben… Pause photo/vidéo !!
Vers 15h, après avoir bien papoté autour de nos métiers et de nos projets, on arrive à la fin de notre escapade. Encore faut-il trouver un mur de brique pour le portrait ! Je les amène donc en croisant les doigts vers le cinéma Liberty, un vieux de la vieille avec les fauteuils rouges et les rideaux qui encadrent l’écran. Un petit mur de briques comme elles en rêvaient nous y attend.
Et c’est parti mon kiki, pause photo/vidéo finale!
Alice caméra au poing et Anne appareil photo à la main se mettent toutes deux à me mitrailler comme je ne l’ai jamais été. Elles sont sympas, me disent d’être relax, normale. Mais une fois de plus je n’arrive pas du tout à être naturelle, je ne sais pas quoi faire de mon corps ni de mon visage. A part peut-être des grimaces. À la fin de la séance shooting, et après leur avoir conseillé d’aller vers le béguinage et de boire une pinte de Brugse Zot – bière locale « le Fou de Bruges » – pour terminer leur journée, on se tape la bise.
À bientôt sur l’Internet les filles !
[1] Je te vois déjà lever les yeux au ciel. Je l’ai déjà dit mais les excuses sont faites pour s’en servir !