À Londres, ça caille sa mère.
Je me suis réveillée frigorifiée à 5h. Je t’entends d’ici « Quoi, elle a pas le chauffage dans sa chambre ?? ».
Si. Mais j’ai pas l’accès aux boutons pour contrôler la température… J’ai pas internet non plus, j’te rappelle, parce que fallait payer en plus. Il y a une télé, mais elle ne marche pas. C’est ce que t’obtient pour 60€ la nuit dans le centre de Londres, et franchement c’est déjà bien ! Au moins, il y a du shampoing dans la salle de bain commune, parce que ça c’est un truc que j’ai pas pensé à emmener.
J’avais mis un réveil pour bosser ma présentation. Les yeux encore collés, j’ai rapproché l’ordi de mon oreiller de façon à pouvoir voir l’écran tout en restant blottie sous la couette. J’ai mollement copié-collé 2 ou 3 diapos d’un Powerpoint précédent, qui iraient très bien en intro. Puis je me suis rendormie en me disant que de toutes façons je pourrai bien me caser au fond de la salle de conf’ et bosser tranquillement en faisant mine de prendre des notes, vu que je ne présentais pas avant 17h j’te rappelle.
Bref. Je me re-réveille à 8h. Le colloque commence à 9h, et la salle de bain est prise. 8h20, ça se libère, je fonce et prends une douche express. Je pars vers 8h45. Tranquille, me dis-je, il y a le café de bienvenue avant, le premier intervenant ne commence qu’à 9h30 si je me souviens bien. J’avais vu ça dans le programme quelques jours avant. Heureusement, à ce moment là j’avais aussi eu la bonne idée de regarder où ça aurait lieu : à King’s College London, Sommerset House. C’est dans le quartier de Westminster, au bord de la Tamise.
Je pends donc la direction de la Tamise, grosso merdo. De temps en temps je vérifie que je vais dans la bonne direction sur un plan de coin de rue. Tout va bien. Je traverse Trafalgar Square, à demi éclairé par le soleil qui monte dans l’horizon. C’est joli, l’ambiance de ville est sympa. Et je m’arrête pour prendre des photos. C’est important de le mentionner car ce n’est pas dans mes habitudes.
Parenthèse : Depuis que j’ai un blog, mon agent-presse-comm’-blog-designer-éditeur-multitâche – j’ai nommé Lulu Gondin – m’a dit cash : c’est fini les conneries maintenant Laura, tu vas me prendre des photos quand tu voyages ! Bon. J’ai toujours pas apporté mon appareil photo, mais au moins j’ai un tél qui prend des photos. De mauvaise qualité, certes, mais ça elle avait pas précisé !
Bref, j’arrive vers Westminster, vers là où je pensais trouver Sommerset House. Sauf que je me suis trompée de pont comme point de repère, et que j’ai confondu le Westminster Bridge avec le Waterloo Bridge. Je m’en suis rendue compte parce que j’étais vers White Hall et je ne voyais toujours pas Sommerset House sur les plans de quartier, alors que c’est quand même assez connu… Bon j’ai fini par trouver sur le plan la rue Strand que je devais remonter, quand même. Je suis sur la bonne route, mais j’ai pris du retard. Il est 9h20. L’horloge tourne.
J’arrive enfin à Sommerset House. Le colloque a lieu dans l’aile Est, et comme je sais que j’arrive par l’Ouest grâce au soleil[2], je continue en longeant le bâtiment. J’arrive devant l’entrée de King’s College London, « KCL » de son p’tit nom. Je vais voir la dame à l’accueil :
– Good morning
– Good morning, qu’est-ce que je peux faire pour vous ?
Les Anglishes sont des gens polis, mais ça je te l’ai déjà dit.
– Je dois me rendre au colloque dans l’aile Est, pouvez-vous m’indiquer où aller svp ? (mais non, j’en fais pas trop).
– Bien sûr. Au coin ici, à gauche, au bout du couloir, à droite, prenez l’ascenseur, montez au 6e étage, puis à gauche.
Hop, je mémorise et je me lance à corps perdu. Je trouve l’ascenseur. Il n’y a que 5 étages. Je me dis que j’ai sûrement mal compris, perdu l’habitude de l’accent british. Sauf qu’au 5ème je me retrouve sur un genre de pallier délabré, pas de couloir à gauche comme elle avait dit, pas de panneau ou quoi que ce soit. Dans le doute, je commence à descendre par les escaliers et j’inspecte brièvement chaque étage. Toujours rien. Au 2ème étage, je croise enfin un type. Je lui demande, je lui montre l’imprimé du colloque avec l’adresse. Et là, il rigole.
– Ha oui oui, vous êtes bien dans l’aile Est… de la faculté de médecine ! Faîtes demi-tour pour revenir dans la Somerset House parce que là vous n’y êtes plus.
– Thank you, je réponds, dépitée.
Finalement j’arrive à nouveau à l’accueil, où je demande à une autre dame qui, elle, m’indique la direction opposée aux indications de l’autre, plus tôt. Cette fois c’est la bonne. Je pousse timidement la porte de la salle de conf’, il est 9h40. Je suis en retard. Comme d’hab’… Le premier intervenant est déjà en train de parler, tous les sièges du fond sont pris, je me retrouve sur la seule chaise libre au 1er rang. Super, et moi qui voulais bosser sur ma présentation discrètement… Pas possible là.
J’ai dû attendre la pause café vers 11h pour changer de place et m’y mettre. J’ai un peu grugé sur la pause déjeuner aussi. Mais j’ai fini par y arriver. Mon Powerpoint était prêt une heure avant mon passage (comme quoi, il m’arrive d’avoir de l’avance tu vois). Le stress est monté soudainement, j’ai fait mon speech, pof, tak. Et c’était l’heure du cocktail de fin de colloque, où là j’ai bien dû boire 3 ou 4 verres de blanc en l’espace d’une heure, pour me détendre. Parce que bon, je fais genre, mais j’étais quand même nerveuse toute la journée. Pour parer, j’ai profité de chaque pause pour me balader dans la cour de Sommerset House, et sur son balcon surplombant la Tamise. Ils sont quand même bien situés, ces universitaires de King’s College London. Spéciale dédicace à Lulu Gondin, j’ai pris des photos.
Bref. Après le cocktail il ne reste plus qu’un petit groupe d’entre nous, nous sommes allés manger un bout dans un pub au coin de la rue Strand, avant de rentrer nous coucher. Je me suis fait quelques copains quand même, dont une brésilienne qui, ça tombe bien, sera de retour au pays en avril prochain au moment où j’y serai moi aussi (oui oui, une aventure de Laura Gondin au Brésil se profile). Affaire à suivre.
Je n’ai toujours pas de plan, mais cette fois je sais où aller pour retrouver ma petite maison d’hôtes de Covent Garden.
Sur la route, je me suis rendue compte à quel point c’est un quartier chic et chouette, Westminster : le quartier des théâtres, il y en a partout. Hop ! Je passe à travers une foule hétéroclite qui sortait d’une représentation de la comédie musicale du Roi Lion au Lyceum Theatre. Je me sens comme Simba pris au piège parmi un troupeau de gnous affolés. Mais contrairement à Mufasa, je m’en sors indemne. Ben oui, les Anglishes sont bien plus civilisés que les gnous.
Là si t’as pas compris la référence t’as vraiment des lacunes irréparables.
Un peu plus loin, une foule beaucoup plus chic sort de l’Opéra Royal. C’est un autre standing là : les dames ont sorti leurs fourrures, les gentlemen leur queues-de-pie et hauts-de-forme. Mais qu’est-ce que c’est cliché ! C’est drôle. Mais surtout, les rues sont bondées de monde car c’est la sortie d’à peu près tous les théâtres, c’est bruyant de conversations et d’éclats de rire, mais malgré ça la circulation est fluide. Comme dans le métro, pas de bousculade, les gens respectent la distance sociale ou bulle personnelle des autres, quelle que soit son appellation formelle (je suis pas très familière avec ce concept). Du coup, no stress, tu passes dans la foule comme dans du beurre. Façon de parler.
Arrivée à Covent Garden, je vais me coucher.
Tchô les nazes !
[2] C’est pas une blague, arrête de rigoler. Y a quand même un truc que je sais faire, et c’est trouver le Nord grâce au soleil.
Encore un article plein d’humour ! Et je ne sais pas qui est Lulu Gondin, mais je l’aime déjà : c’est toujours plus vivant avec des photos 😉 ! Et je n’arrive pas à savoir quel est mon passage préférée : celui où tu fais un (gros) détour, celui où tu n’entre pas dans le bon bâtiment, ou celui où tu te transformes en Simba. Bref, j’ai adoré cette aventure !
Haha, merci Marion !
De rien ! Je viens aussi t’annoncer que je t’ai nominé pour les Liebster Awards (oui, je sais, c’est la deuxième fois pour toi, mais en même temps ton blog est vraiment sympa!) Tout est par là >> http://lafauteaugraph.blogspot.fr/2016/04/liebster-awards-2016-photographie.html ! À bientôt!
Super article, belle aventure en tout cas
Merci Pierre !
J’adore, je m’esclaffe, c’est excellent. Pardon d’être à la ramasse, mais je n’ai pas réussi à trouver l’info, je n’ai pas dû lire assez de billets : tu intervenais à quel sujet à cette conférence ?
Bonne soirée !
Merci, haha ! Si je fais rire les gens alors je suis comblée ! C’est marrant que tu demandes parce que Marion aussi était intriguée par certaines bribes de mon boulot qui reviennent ici et là. C’est difficile de ne pas en parler vu que beaucoup de mes voyages sont liés, mais en même temps je fais exprès de ne pas donner trop de détails.. Je vais donc faire persister le mystère, mais disons que mon sujet concernait les grands fonds marins ! 🙂