Jamaïque #5, les Blue Mountains et le marché

Le weekend suivant je suis restée à Kingston de nouveau. Mais cette fois c’était plus rythmé. Elizabeth m’a emmenée au marché maraîcher, figure-toi ! Coronation Market, du nom du quartier. A 7h30 de bon matin, un samedi… No comment. Adieu veaux, vaches, cochons et grasse mat’. Un vrai marché, celui du coin où seuls les jamaïcains les plus audacieux se rendent (mais non, j’exagère à peine). J’y ai retrouvé l’ambiance « seule blanche dans les parages » des premiers jours.

Marché

C’était épuisant. C’était grouillant de monde ; de cris ; d’interpellations en créole jamaïcain que je ne comprenais pas ; de chariots ambulants poussés par des mecs qui criaient à peine gare et s’en fichaient de te rouler sur les orteils (j’avais fait l’erreur de mettre des tongs), et qui slalomaient dans les allées étroites (sans mentir, 1m50 max pour une allée). C’était coloré et parfumé de fruits et légumes connus et inconnus. Il y avait de la musique. De temps en temps, à un carrefour entre 4 étals, tu trouvais un type et ses baffles qui te jouait à fond du Bob Marley les yeux fermés en plein trip, en mode jukebox ambulant. Tout ceci agrémenté de négociations houleuses entre clients et commerçants.

coronation market

Heureusement qu’Elizabeth était là pour m’aider à négocier d’ailleurs, sinon je me serais fait arnaquée jusqu’au trognon. Tous les vendeurs m’interpellaient.

– Hé la blanche!
– Hey american girl !
– Hey white baby, only 3 US $ the pound of tomatoes !

Et crois-moi l’ami, c’est plus de quatre fois le prix normal. A un moment donné, j’ai pas pu m’en empêcher. Je me suis retournée, et j’ai crié au type :

– Hey! Just because I’m white doesn’t mean I’m a f****** american, nor that I am f****** rich!

Il est resté pantois. J’ai eu mes tomates à 50 cents.
Elizabeth a acheté plein de trucs que je n’avais jamais vus, et donc que je n’ai pas acheté car je n’aurais pas su quoi en faire.

– Qu’à cela ne tienne, m’a-t-elle dit, après on ira chez moi et je vais te faire notre plat national tu verras.

Cool.
Un petit tour par le supermarché que j’avais déjà découvert dans l’épisode 3, et on arrive chez elle.

– J’ai pas trop rangé, me dit-elle, je suis désolée.
– Meuh non, je réponds, j’en ai vu d’autres.

Ha, ben en fait non, c’était –vraiment– pas rangé, ni nettoyé surtout. Je l’ai suivie à la cuisine, en contournant des piles de déchets et en essayant d’écraser le plus de fourmis possible. Et on s’est mises à cuisiner dans la cuisine la plus dégueu que j’ai jamais vue de ma vie. Enfin bon je suis pas regardante, je ne juge pas. De toutes façons si j’avais voulu tout désinfecter avant de manger, ça m’aurait pris le reste de mon séjour. On a préparé un « ackee and salt fish », le plat national. Elle s’est foutue de ma gueule tout du long (mais gentiment), parce que je n’avais aucune idée de quoi faire des trucs qu’on avait achetés : des ackees, du yam, du breadfruit, de la banane plantain – de la vraie cette fois !

fruits&légumes

Il y a du poison dans les ackees, des petits fruits blancs de la taille d’une prune. Il a fallu tout éplucher, enlever le noyau, et la partie rose qui contient le poison. Le yam c’est un genre de racine qui ressemble à du navet sans en avoir le goût. Le breadfruit, comment dire… ça porte bien son nom. C’est poreux, assez fade et dur à mâcher, et on l’a mangé comme du pain pour pousser la salade. Tout cela mélangé avec tomates, oignons, banane plantain frite à la poêle, et du poisson salé après l’avoir fait bouillir et émietté. Ça nous a pris 2h30. Je crois que je n’avais jamais passé autant de temps à cuisiner de ma vie. Mais c’était bon !!!

ackee
OK, ça n’a pas forcément l’air appétissant comme ça, mais croyez-moi ça vaut le détour !

Après manger sur les coups de midi et demi, Elizabeth m’a raccompagnée et j’ai fait la sieste. Ben oui, j’avais bu du rhum punch avec le repas.

Sans transition, le lendemain je suis allée randonner dans les Blue Mountains.
Je suis donc allée me promener dans les montagnes bleues (c’est drôle, ça sonne un peu moins bien en français). C’était chouette ! Ma première bouffée d’air depuis les aventures de Sav’. Je commençais à étouffer à Kingston. Un collègue nous a emmenés, James-White-Le-Consultant et moi, dans le parc national de Blue Mountain à 7h le dimanche. C’est pas une vie. Autant te dire que j’ai fait la sieste l’aprem’. Encore.colibri
Dans la montée, on s’est arrêté boire un café « Blue Mountain », un des plus chers du monde. Il était bon c’est vrai, mais pas extraordinaire non plus. Pas mieux que celui de Mrs Q. Par contre la ballade, topitop ! J’ai vu des colibris et autres petits oiseaux multicolores, et du vert. Du vert, du vert, du vert ! La jungle, quoi. Avec les odeurs de verdures qui vont bien, celle du bois humide, des fleurs, et la fraîcheur de l’altitude. Et en prime, un panorama époustouflant sur Kingston et ses alentours. Ça a l’air bien plus sympa vu de loin, la ville !

Puis retour à Kingston, retour à la routine. Mes journées sont rythmées par deux choses. La cantine. Et le trajet en taxi. Mais ça ce sera pour le prochain épisode.

 

J’ai écrit un petit avis sur Kingston et la Jamaïque sur le site d’Evaneos pour ceux et celles qui sont intéressés :
http://www.evaneos.com/jamaique/voyage/etape/9450-kingston/

2 Comments

  1. 13 septembre 2016

    Oh, que c’est agréable, de retrouver les aventures de Laura en Jamaïque ! Toujours ce trait d’humour que j’adore, et cette simplicité de narration. Un vrai plaisir ! Je t’imagine assez bien dans le marché hurler sur le mec de trop qui t’avait pris pour une idiote \o/ tu as bien eu raison!
    Le plat national fait envie, en tout cas, pour l’estomac sur patte que je suis. 🙂
    À bientôt!

    • laura
      15 septembre 2016

      Haha merci Marion, ça faisait longtemps ! ça fait plaisir de retrouver tes commentaires 😉

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