Jamaïque #3, Enfin à Kingston !

Dans l’épisode précédent… J’attendais au départ du Knutsford Express, pour prendre un bus à destination de Kingston. 


Comme j’avais une heure d’avance (chose qui n’arrive jamais d’habitude…), j’ai décidé d’aller me promener au bord de l’eau. Il y avait deux types qui pêchaient, et un qui traînait autour de sa voiture, un pétard à la main. Ce dernier en me voyant arriver, s’approche pour discuter. Et tu viens d’où, et tu viens faire quoi ici, moi je suis Captain Singh, moitié jamaïcain moitié indien, je promène les touristes, et patati et patata.

– Tu veux mettre tes pieds dans l’eau ? Allez viens, qu’il me dit.

Hop, petit slalom entre les rochers, et hmmm, l’eau est bonne, la mer est bleue, c’est top. Séance shooting. Il me montre un oursin. Mec, j’habite en Bretagne et je bosse dans un aquarium. Je sais ce que c’est, un oursin. *Soupir*

Jamaïque, Kingston

Et il me propose une taffe de son joint. Ça fait pas 24h que je suis dans le pays et on me propose déjà de l’herbe, que c’est folklorique, me dis-je. En fait, j’apprendrai plus tard que ce n’est pas si répandu que ça. C’était même illégal jusque l’été 2014. Il y a plus de marijuana en Bretagne qu’en Jamaïque les gars ! Le stéréotype tombe à l’eau. En deux mois je n’aurai vu passer que trois joints, le rasta de chez Samantha, Captain Singh, et un clochard dans la rue à Kingston. Ici si tu fumes, t’es mal vu, du coup tu te caches et tu ne fumes pas en public. Même les cigarettes. À Kingston, j’ai eu le malheur de fumer dans la rue. C’est interdit. Regard noir des passants, chuchotements malsains quand tu leur passes devant, et même des gens qui changent de trottoir en te voyant arriver clope à la main. Je ne le referai plus, promis!

Je prends donc une taffe du joint que me tendait Captain Singh. Arghhh !!! Je manque de m’étrangler, je tousse, j’ai le nez et les oreilles qui piquent et les yeux qui coulent.

– Ben oui, me dit-il, c’est de la marijuana pure, pas de tabac. Je veux t’accueillir comme il se doit, avec de la bonne.

Ouch. J’en reprends quand même une ou deux fois, pour la forme.

Rasta Gondin peinture

Et puis j’ai faim. Tu m’étonnes.

100m plus loin il y a un petit snack bar, on y va.

– En voiture (Simone) ! me dit le Captain, parce que ça fait un peu loin pour marcher sous ce caniar.

Ben voyons.
Manque de bol, c’est fermé. L’heure du départ arrive, et Captain Singh, tout désolé que je ne puisse emmener à manger pour un si long voyage, me roule un joint (avec du tabac, cette fois).

– C’est pour la route, yeah man, m’explique-t-il.

Tu parles d’un casse-croûte. Je l’ai glissé dans mon sac à main, et j’en ai senti l’odeur tout au long du voyage ! Balèze, la Marie-Jeanne.
Je monte dans le bus. Clairement, je suis montée d’un cran dans l’échelle sociale. Habits du dimanche, chemisettes, voire costard, mp3 sur les oreilles. Il y a même 2 autres blancs cette fois (les premiers que je vois depuis l’aéroport). Si ça te choque que je parle de blancs et de noirs, tant pis. Le politiquement correct c’est long et compliqué, je vais quand même pas m’enquiquiner à dire « de type caucasien » à chaque fois. T’as qu’à sauter une ligne si ça te gêne.
Il s’agissait donc d’un autocar de voyage tout ce qu’il y a de plus normal, avec toilettes, clim et même petit écran de télé. Au programme pour le voyage, Nanny McPhee… Mais attention, c’est ZE transport de luxe. Nous avons donc une hôtesse qui prend le micro avant le départ, nous remercie de voyager avec la compagnie, nous présente Bob,  notre « transportation officer » (autrement dit, le « bus driver »), nous explique que les toilettes sont ici, que le voyage est non-fumeur, et que là, ce sont les sorties de secours en cas de problème. Je me demande si bientôt elle ne va pas nous dire que les gilets de sauvetage sont sous le siège et que les masques à oxygène nous tomberont du plafond en cas d’accident. Puis elle nous distribue des petites bouteilles d’eau rafraîchissante. Et ça, c’est cool.
Je m’étais dit que ce serait chouette de traverser l’île en bus, que je verrais du pays. Mais j’ai dormi. La faute à Marie-Jeanne, si tu me demandes mon avis.

Knutsford_Express
© www.knutsforexpress.com

Enfin, arrivée à Kingston. Je fais la connaissance de Raymond, mon chauffeur de taxi. Cette fois, je suis à la capitale. Le prix du taxi à triplé (de 100$ à 300$ si tu veux tout savoir), et je suis la seule passagère. J’ai l’impression de me faire entuber, mais Cheryl la proprio m’informera plus tard que c’est le prix standard, à Kingston. Raymond m’explique que le taxi à 6 ou 7 ici aussi ça existe, mais qu’avec tous les pickpockets de la ville, c’est risqué.
Cheryl m’attend à l’appartement, c’est mignon tout plein, il y a tout ce qu’il faut sauf la clim qui est cassée. Je me dis que c’est pas grave, que la clim c’est pour les tapettes, surtout après avoir tenu bon à Sav’. Mais j’ai quand même mal dormi, et j’ai bien apprécié la différence quand ils sont venus réparer la clim le lendemain. Depuis je dors mieux. Les moustiques ici sont moins nombreux, et ils n’aiment pas l’air climatisé. Ça aide.
Parce que le spray anti-moustique de-la-mort-qui-tue que m’a vendu la pharmacienne, ça ne fait pas le poids ici.

Je ne commençais mon stage que le mardi, et du coup j’ai profité du lundi pour faire des courses. La veille au soir, je n’ai mangé que les chips de banane que Cheryl avait laissées sur la table en guise de bienvenue. Je suis sortie à pied pour faire un tour du quartier avec mon sac à dos en me disant que je trouverais bien un supermarché. Et ben non. J’ai remonté tout Half Way Tree, la grande rue pas loin de chez moi, et ne trouvant rien j’ai décidé de rentrer et d’appeler Raymond.
Sur la route vers le supermarché, il m’a expliqué qu’il y a des endroits dangereux à Kingston, avec beaucoup de vol à l’arrachée et de pickpockets. Et que Half Way Tree, c’est un des endroits les pires de Kingston pour ça. Yeah, man.

Ha. Oups!

Au supermarché il est venu avec moi. On a fait tous les rayons un par un, et il m’a fait acheter des trucs « typiquement jamaïcains ». Des petits piments, des concombres qui ressembles à des courgettes, des tomates qui ressemblent à des prunes, du lait de coco, du jus de goyave, du « vin » de gingembre (pas dégueu, à siroter frais avec des glaçons), du riz, des haricots rouges, des corn flakes (ha oui c’est vachement typique, tiens), des bananes plantain… Enfin, je croyais que c’était des bananes plantain. Mais Cheryl, en venant avec le réparateur de clim, m’a informée que :

– Non-non, ce sont des bananes normales, juste pas mûres.

Quelle nouille, punaise.

– Et ici, reprend-elle, on les fait bouillir jusqu’à ce qu’elles deviennent noires, et on les mange avec des petites patates, par exemple.

J’ai essayé, sans les patates. Et c’est franchement pas terrible, les bananes pas mûres.

bananaaasToujours un peu victime du décalage horaire, je me suis couchée tôt (à 20h) pour être fraîche et pimpante le lendemain, mon premier jour de stage.

Pour ceux d’entre vous qui se demandent, depuis l’épisode 1, ce que je fabrique en Jamaïque, et ben faudra attendre le prochain épisode.

 Tchô les nazes.

 

 

 

2 Comments

  1. 22 mars 2016

    Bon bah voilà, j’attendrai la suite ! (Et oui, il semblerait que j’ai lu l’entièreté de ton blog en une soirée…)
    Je repasserai, à bientôt et bonne continuation !

  2. 10 avril 2016

    Je découvre ton blog grâce à Marion, qui nous a toutes les deux nominées aux Liebster Awards, et je suis morte de rire. J’adore le ton, les clichés à qui on règle leur compte (je n’imaginais pas ça comme ça, Kingston), la sincérité candide du truc ! Je reviendrai ici !

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